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13 juin, par Séverine Capeille
Z’aurais pu tomber plus mal. C’est ce qu’on appelle la sanse. Le coup de bol, quoi. Suffisait qu’il ne me voie pas. Ou qu’il m’ignore comme les autres. Z’en ai même vu qui accéléraient. Pied au planser. Comme si z’allais les mordre, comme si z’étais mésant. C’était une étranze soze que de les voir faire, surtout les enfants, que ze pouvais observer plus longuement, avec leur nez collé à la vitre arrière. Ils me faisaient de grands (...)
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« C’est quoi ce bordel ? »
13 juin, par Séverine Capeille
Cloelia Tiberim tranauit. Clélie traversa le Tibre. Pour le reste, il faut chercher, fermer les yeux en fronçant les sourcils pour retrouver... Une déclinaison peut-être : Rosa, rosam… Dominus, Dominum… Un mot par-ci, un mot par-là… Il ne reste pas grand-chose. Oui, presque rien de toutes ces années de latin. Juste cette phrase qui résiste aux années, ancrée dans la mémoire aux côtés de « Mickaël is in the kitchen ». Un couple improbable, Cloelia et Mickaël. L’une (...)
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13 juin, par Chloë Sunky
On l’a tellement attendu, le soleil.
On a trouvé le parc, le banc, la position confortable
Pour discuter
De tout et de rien
Du mauvais temps annoncé le lendemain.
On ne peut pas se plaindre de la chaleur
Vu que ça ne va pas durer.
Fais chier.
Tu crois que c’est du lilas, ça ?
Google pour vérifier.
Ça y ressemble oui, on dirait bien…
C’est joli en tout cas.
Putain, c’est quoi ce bruit ? Un rat ?
Non, pas cette fois.
Un oiseau.
Un petit (...)
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13 juin, par Séverine Capeille
Excusez-la. Elle ne sait pas dire « je ». Elle ne peut pas. C’est au-dessus de ses forces, au-dessus de ses ailes. Alors excusez-la. Ce n’est pas qu’elle ne veut pas…
Comment vous parler d’elle ?
Il faudrait peindre le son qui la porte, féminin jusqu’au bout de son souffle. Un son sexué, en quelques sortes.
Vous dites ? La décrire en deux mots ?
Alors… le sol et le ciel. C’est dans cet écart que vous pourrez l’apercevoir. (...)
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13 juin, par Séverine Capeille
Lucien n’était jamais parti, contrairement à Betty qui avait fait carrière au Lido de Paris. Il avait toujours été là, campé derrière la caisse de son magasin, tenant minutieusement ses comptes avec un stylo Bic bleu. Il était de ces personnages dont on dit qu’ils sont à la fois « d’une autre époque » et intemporels. Caricaturé à l’extrême avec ses bretelles et ses poches pleines d’objets aussi hétéroclites que nécessaires à son quotidien, il avait cette (...)
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13 juin, par Séverine Capeille
Il y a la vie qu’on a
Et puis la vie dont on rêvait
Il n’y a que ça
Dans cet écart, on tricote une existence
On fait des lignes de souhaits
Qui font mal quand on y pense
Côté cœur, côté droit
On dessine subtilement les regrets
Au point de croix
Maille que vaille
Croix qu’il en coûte
On brode parfois
Un espoir à la mode
On raccommode
On s’accommode
Rhapsode
Sédentaire
Décousu de l’intérieur
On compte pour ne pas se tromper
Un jour
Un mois
Une année
Les fils de l’enfance (...)