UN TEXTE D’ALEXIA LUCIANI
mardi 4 septembre 2007, par Le Collectif Sistoeurs
1ère épreuve de taille : Regarder Bambi.
Dessin animé dont les premiers instants paraissent si doux et insouciants, un peu comme nous à l’époque, jusqu’à la scène fatale….
Retraçons les faits : le Père Noël, gentil barbu, vêtu d’une combinaison rouge qui ne vient ni de chez Yves Saint Laurent ou de Castelbaljac, nous a offert (parce que d’après les dires « on a été bien sage »), une cassette vidéo et pas n’importe laquelle, celle de Bambi… Nous qui croyions passer un bon moment avec une biche et un lapin… On s’est bien faite avoir ! Toute l’innocence et la candeur de ce dessin animé s’envolent dès l’arrivée du chasseur qui a osé… tuer la mère de Bambi, mais pourquoi a-t-il fait cela ?
Après avoir visionné cette cassette, c’est toute une vie qui en sera bouleversée, car on vient de découvrir que l’on peut (et pire que l’on va) mourir. Plus tard, lorsque le poisson rouge, le chat, le canari, ou la voisine âgée décèderont on pleure encore un peu pour la maman de Bambi.
2ème épreuve de taille : Découvrir que l’on vieillit.
On était bien loin de s’imaginer les conséquences de notre curiosité, le jour où on a demandé : « Dis maman pourquoi Tatie a le menton qui pique et comment mamie peut-elle enlever ses dents ? ». Nous qui croyions que c’était pour leurrer la petite souris, on découvre qu’il s’agit là de la vieillesse. Et alors on comprend que les « vieux » avant de l’être eh bien… ils étaient jeunes, pis encore, ils ont eu notre âge, ce qui très logiquement signifie que nous aussi on va le devenir… comme eux… beh vieux !
Encore plus traumatisant, non seulement on va vieillir, mais avant on va décrépir. On ne pourra pas jouer éternellement dans la boue… On était loin de se douter qu’un jour on nous forcera à en prendre (des bains de boues), mais pas pour faire des pâtés, plutôt pour soigner notre arthrose.
3ème épreuve de taille : Aimer à la maternelle.
On a beau dire « Oh à 3 ans tout était plus facile, pas de problème d’argent, pas de devoir, juste des coloriages … » à la Maternelle, c’était la guerre à l’amoureux ! Aujourd’hui pour attirer la gente masculine on connaît, plus ou moins, les ficelles (pas forcément celle du string), mais on sait comment se maquiller, se coiffer, s’habiller… Un décolleté, des talons hauts, et le tour est - presque - joué ! Mais comment être désirable à trois ans, quand on est enfermé dans un corps de troll avec une robe Jacadi, pour les moins chanceuses, et incluant parfois des tâches de boues, de feutres ou de nourritures (voire les 3) ? Et puis difficile de draguer sur un toboggan ! Enfin draguer n’est pas le mot juste, il s’agissait à l’époque de trouver un NAMOUREUX, et pas n’importe lequel, souvent c’était le même que la majorité de la classe et dans la même semaine c’était aussi le grand du CM2. A un âge où on n’a pas de portable, pas de gloss et où on ne sait pas ce qu’est un speed-dating, on se contente de faire un dessin, se surpasser en sport pour être dans la même équipe que notre amoureux secret, trouver des blagues qui le fassent rire et partager son goûter. Que de privation et d’effort.
Heureusement que maintenant on a grandi, et que les schémas sont différents, loin du dessin, on écrit un sms, on ne court pas dans la même équipe, mais on ressort notre bon vieux tapis de gym pour faire quelques exercices, (minimum syndical en entraînement sportif lorsque l’on veut se remettre à la chasse à l’homme), on cherche des trucs intéressants à lui dire et si tout est bon on partagera notre lit.
Une question semble subsister : avons-nous évolué ?