dimanche 18 septembre 2005, par Romy Têtue
Et comme je suis moi aussi célitrentenaire [1] - dans une ville comme Paris où plus de la moitié de la population est célibataire et occupée à tant d’autres choses que les rencontres se font rares, ce n’est que très normal - on me prend à partie et s’insurge que je ne souffre pas de cet état.
Pas une discussion entre filles sans qu’il soit question des hommes, et de leurs innombrables défauts (c’est à se demander pourquoi elles se plaignent de ne pas avoir d’homme !). Il n’est bientôt plus possible de s’entretenir du dernier film/expo/livre vu/lu ni de contempler tranquillement le paysage.
Chez Mistinguette [*], ça prend des proportions inquiètantes : elle s’auto-tire les tarots pour savoir quand elle rencontrera le yathman riche et généreux qui la demandera en mariage après lui avoir offert diamant, manteau de fourrure, valses viennoises et voyage dans les îles...
A l’inverse, Souris [*], qui habite loin de tout, a opté pour le démarchage direct : elle écume les sites de rencontres sur le web et essaye tous les mecs potables les uns après les autres. C’est que, pas farouche, elle joint l’utile à l’agréable dans sa recherche de la perle rare. Sait-on jamais !
Natacha [*], obsédée par son horloge biologique, et lassée d’attendre l’amour fulgurant, a fini par trouver un géniteur en la personne d’un homme marié (ce qui l’assure de n’avoir aucun compte à lui rendre) déjà père de quelques marmots (ce qui l’assure de sa fertilité). Ce n’est pas le premier père de famille qu’elle entreprend, mais celui-ci a bien voulu la monter aux jours du calendrier cochés d’une croix pour signaler l’ovulation, et la voici enceinte jusqu’aux yeux d’un BB qui ne connaîtra jamais de père.
Pour finir Ismène [*] ne fait guère mieux : se découvrant enceinte après avoir batiffolé avec un beau saltimbanque en transit entre Paris, Amsterdam, Katmandou et Sao Paulo, elle l’accuse d’irresponsabilité (mais sans songer qu’elle aurait pu penser elle-même à utiliser un préservatif !), mais refuse de pratiquer l’avortement qu’il lui paye, croyant dur comme fer que l’artiste changera d’avis dès qu’il verra l’enfant gigoter contre son sein et abandonnera sa vie de bohême pour rester prés d’elle torcher le lardon... ben voyons !
Il fut un temps où je me demandais où étaient passé les hommes, - c’est-à-dire, où donc se cachait un homme qui m’inspirerait l’envie de rester en sa compagnie, voire même de partager un peu sa vie... Il y a de quoi se demander, aussi, où sont passées les femmes. Aucune de ces trentenaires, si célibattantes soient-elles ne me fait envie !
La première prend les hommes pour des porte-monnaies sur pied, l’autre pour des godemichés plus vrais que nature, la troisième pour une banque de sperme et la dernière pour de grands enfants à ramener à la raison. Et toutes attendent avec une naïveté effarante l’irruption de l’homme dans leur vie, cet homme, unique et merveilleux, qui changera leur vie. J’ai nommé Monsieur le Prince Charmant.
Entre nous, pour rien au monde je ne voudrais être un homme, si c’est pour jouer au prince charmant pour célitrentenaires. Je préférerais encore mon célibat de vieux garçon.
Hééééé, les copines, fouttez-moi la paix avec vos angoisses de vieilles filles. Et vivez donc un peu !
[1] Célitrentenaire = amalgame de trentenaire, célibataire et célibattante...
[*] Remplacez par Charlotte, Caroline ou Juliette, ça le fera tout aussi bien. Les prénoms cités sont fictifs, mais vous y reconaîtrez forcément une copine ;)