Nous attendons, l’orgueil défait, l’espoir tenace,
Veufs chaque jour d’un idéal se morfondant
Que le monde revêche en tous lieux cadenasse,
Et qui s’agite en nous comme un poison ardent.
Nous attendons, chargés de voeux, maculés d’ombre,
A l’affût d’une étoile au regard dévasté,
Avec des chants ternis sous des failles sans nombre
Et les yeux revêtus d’un improbable été.
Nous attendons, mangés de nuit, troués d’absence,
Le cri dans le chaos, le feu dans l’essentiel,
Allant, exaspérés, de chute en renaissance,
Tantôt près de l’enfer et tantôt près du ciel.
Nous attendons, hallucinés d’une foi sauve,
Tout pleins de force neuve et de clairs abandons.
Malgré le temps, malgré la vie aux jeux de fauve,
Depuis longtemps... depuis toujours... nous attendons.
Poème extrait de " La Blessure des Mots "
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