Sur un blog quelconque, un certain Montalt Cormary invective la horde "imbécile" des nonistes. Rien de bien surprenant jusque là. Sauf que ce texte explose les limites de la connerie.
Ca va encore lui faire de la visite mais tant pis : pour lire l’incroyable analyse du petit Cormary, c’est ICI.
Quant à la réponse, la voici...
Dans le premier paragraphe, il faudrait attaquer de front par une série d’expressions, genre : « Enculé nihiliste ! Abruti aigri ! Raclure fétide ! ». Juste pour donner le ton. Il faudrait aligner les points d’exclamations… Il faudrait répondre Nom par Non… Répliquer tac au tac… S’insurger tel le pamphlétaire dans la polémique, du grec « polemos », la guerre…
Ensuite, il faudrait trouver des munitions à la hauteur des grenades libérales, des missiles en capitales (Bush, Turquie…), et des apocalyptiques « tares nationales ». Quitte à multiplier les contradictions. Ce n’est pas grave. Quitte à confondre la prise de conscience avec la prise de position. On ne va quand même pas s’emmerder avec ce genre de distinction.
Il faudrait devenir comme ce petit monsieur derrière son clavier, qui tape vite, avec de la sueur au front. Il faudrait arriver au même degré de connerie que Montalte Cormary.
Le projet paraît insurmontable.
Ah il est énervé Montalte. Il vit dans un pays qui n’a, selon lui, absolument rien compris. Il est tout tendu, Cormary. Il est raide comme un « i » qui n’aurait pas supporté sa place en finale dans la « démocratie »… Alors il met plein de ponctuation. Des points, des interrogations, des exclamations. Il veut faire croire à sa colère, à son indignation…
Indignation. Vous savez ? Cette nemesis déjà citée chez Aristote qui est une « colère communiquée par le sens social » ? Ce sentiment qui « n’est pas le fait d’un cœur avare » disait justement Bernanos dans Les Enfants humiliés ; et qui a la particularité de fonder l’idée des droits de l’homme sur l’axiome universel de la dignité ?
La dignité, d’ailleurs, ça n’a pas de prix. Vous le savez ça aussi Cormary ? Elle excède toute valeur, ne supporte aucune équivalence, ne se monnaye pas à Bruxelles. Dans ce vingtième siècle asséché, où les valeurs sont dévalorisées, il ne reste plus que ça à sauver. La dignité. A commencer par celle des pauvres que vous conspuez. A commencer par celle de la France que vous déshonorez.
Il n’y a pas d’indignation dans vos soubresauts autocentrés. Juste la peur d’un petit roquet devant un bouledogue européen aussi « vivisectionné par la bêtise des bien-pensants » que peut l’être Bernanos aux dires de Marc-Edouard Nabe. Juste la bêtise d’un mauvais critique qui dénigre un beau film parce qu’il ne l’a pas compris. Une frilosité qui sent le vomi.
Au secours ! Il y a « le risque que l’Europe nous évacue à son tour »…
Le voilà « l’extrême péril » qui vous fait éructer. Mais faut-il vous rappeler, comme Bernanos, et comme Serge Rivron qui l’a cité, que nous préférons ce « risque » à la frilosité ? La fadeur est indécente. La tiédeur donne aux maladies plus de chances de se propager. Et vous dites que nous serions des « enfants gâtés » ?
Laissez-moi vous rafraîchir la mémoire : « Le monde va être jugé par les enfants. L’enfance va juger le monde. » affirme Bernanos, qualifié quant à lui « d’enfant terrible » par un certain Monsignor Fontenelle. Les enfants sont vrais, généreux, imprudents et spontanés. Quand bien même seraient-ils « gâtés » qu’ils s’opposeraient toujours radicalement à l’étroitesse et aux mensonges du monde adulte que vous représentez.
Fin du premier paragraphe : Oh comme il serait jouissif de vous noyer dans votre bouse et de se tourner vers un adversaire plus élégant !
Mais il faut continuer et répondre à « l’intelligence de la cité » évoquée dans ce sublime passage qui commence par « les américains doivent bien rigoler » et qui se termine sur « le peuple idéalisé ». Là, j’avoue, le texte est très précis. Dans le pays, seuls ceux qui ont dit « oui » seraient unis, constitueraient le peuple, le vrai, celui qui a tout compris. Les nonistes seraient quant à eux les parias, sortes d’électrons libres incapables de voir plus loin que le bout de leur nez. Tout est bien cadré. Les américains rient. Les français sont ceux du « oui ». Les nonistes sont des saloperies. Quelle largesse d’esprit !
Ainsi les nonistes seraient « régionalistes » ? Des culs-terreux qui refuseraient de devenir terriens ? Alors pourquoi ne signez vous pas vos réponses par des amitiés « universelles » ou « européennes » plutôt que par des « parisiennes » ? Ce ne serait pas un tantinet régionaliste ça aussi petit Cormary ?
Le courage me manque pour relever toutes les incohérences de ce texte ordurier. Pas envie non plus d’évoquer cet acharnement à vouloir « défrancéiser » ce peuple (enfin seuls les nonistes bien sûr sont concernés) d’handicapés, de surprotégés (tiens il y a bien que Cormary pour oser associer les deux termes sans sourciller, « assistés » aurait été plus approprié dans cette modernité aphasique devant ce que « protéger » peut signifier), de « pétainistes, peureux, lâches, veaux, protectionnistes à en crever »…
Il faudrait arriver au même degré de connerie que Montalte Cormary.
Non, vraiment, le projet est insurmontable.
L’imbécile n’a rien compris.