vendredi 18 février 2005, par Franca Maï
Les 7 millions de précaires dérivant sur notre beau territoire jovial baptisé France encaissent avec une patience peu commune, ce type d’insultes ordinaires.
Mais aujourd’hui, ils baignent dans la félicité. La nouvelle est tombée. Le gouvernement s’occupe d’eux. Ces laissés pour compte vont faire un retour en force dans la construction du bel édifice singeant l’espoir.
Le plan Borloo s’extirpe avec panache des entrailles d’une future mine d’or.
La terre promise : Un plan de développement des services à la personne pour créer 500.000 emplois en trois ans.
Ce qui veut dire en langage décrypté : dansez braves gens, marchez sur les cadavres de vos poulets désossés, tanguez vers cet avenir lumineux. Nous vous autorisons à nettoyer les latrines, les jardins, les cuisines des ministres et patrons surmenés possesseurs d’appartements de fonction aux dimensions mortifères.
Car qui peut se payer concrètement ce type de prestations à la déduction fiscale prometteuse ? ...
Selon l’économiste Jean Gadrey : « Aujourd’hui, moins de 1 % des couples gagnant moins de 1 500 euros par mois emploient une personne à domicile, contre plus de 40 % pour les couples gagnant plus de 5 200 euros. Ce n’est pas ce plan qui y changera quelque chose. » D’autant qu’une autre mesure du gouvernement Raffarin place Jean-Louis Borloo en porte-à-faux : le relèvement des déductions fiscales liées à l’emploi de personnel domestique de 10 000 à 15 000 euros, qui bénéficie aux « 2 % de la population la plus riche » ! (source : l’humanité)
En y réfléchissant bien, ramasser sa propre matière fécale sans passer par des « chèques-emploi service universel » permettrait certainement de proposer des horizons plus attractifs et plus épanouissants à ces futurs travailleurs pauvres déjà trahis et cassés par un système de rentabilité impropre au bonheur humain.
Les rayons de soleil appartiennent à ceux qui les voient. A l’air libre.
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