vendredi 12 juin 2015, par Séverine Capeille
« Ronde comme la lune » présente l’histoire de Saskia, jeune adolescente qui commence à prendre du poids en quatrième et endure dès lors les brimades de ses camarades. Sa vie est rythmée par la honte et la peur d’exhiber un « corps trop encombrant ». Seule son amitié avec Claire lui permet d’affronter les autres, mais quand cette dernière tombe amoureuse d’Hector, Saskia sombre un peu plus dans la solitude :
« Il existe des moments où on se sent vraiment seul, mais ce n’est pas parce que personne ne nous aime. Quand on est seul, on est séparé, coupé des autres. On ne les voit plus, on ne partage plus rien. C’était mon cas. »
Erik est pourtant là, pas loin, prêt à l’embrasser alors qu’il n’est « pas le gars le plus à l’aise du lycée, avec les filles ». Quand elle comprend ses intentions, Saskia n’admet pas qu’on puisse l’accepter telle qu’elle est puisqu’elle ne s’accepte pas elle-même. Elle fuit. Elle grossit. Elle fait tout ce qu’il ne faut pas faire, en développant un fort sentiment de culpabilité : « Qui d’autre que moi était responsable de ce qui m’arrivait ? ».
Contre toute attente, c’est Hector qui va véritablement permettre à Saskia de modifier son comportement. Loin des discours mielleux et des attitudes trop protectrices des proches (« Le problème, avec ceux qui nous aiment, c’est la guimauve. »), le petit ami de Claire est implacable : « Si tu es grosse, c’est parce que tu manges trop. Point. » Saskia doit « se reprendre en main » car son attitude est exaspérante :
« tu préfères balader ton petit mal-être existentiel comme un trophée et personne n’a le droit de te secouer, ou de rire de ton manque de volonté sous peine de passer pour un sale type. »
Dépassant le thème du harcèlement scolaire, Mireille Disdero interroge subtilement notre rapport aux autres et nos modes de fonctionnement. Certes, il s’agit d’envisager les difficultés auxquelles sont confrontés les adolescents mais, plus largement, le roman s’adresse à tous ceux qui chercheraient ailleurs qu’en eux-mêmes des solutions pour aller mieux. L’auteure rappelle qu’il est toujours possible de reprendre les rênes de sa vie :
C’est un combat. Nous avons souvent l’impression d’être contraints par les circonstances, par les autres, ou par nos propres tendances à répéter les mêmes erreurs, mais il n’est jamais trop tard pour déconstruire des schémas de fonctionnement mis en place très tôt. Ce processus de réappropriation de sa vie se fait parfois grâce aux autres, et souvent ceux auxquels on s’attend le moins !