dimanche 3 février 2008, par Lilith
Dans les yeux noirs des rues d’Alger
Qui suivent, insistent
Et percent l’étrangère attentive,
Humble et discrète
Le pas souple et léger,
Elle s’expose elle accepte
L’indiscrétion muette
Telle une cible
Inaccessible
Et singulière
Le long des trottoirs encombrés où glissent les voiles,
Effleurent la robe bleue
Dans la chaleur implacable
Le soleil éclabousse un chaos vaporeux
La ville est un coeur enfiévré
La sourde pulsation a saisi l’étrangère
Même les bruits semblent lourds et feutrés
Se fondre dans ce corps multiple aux regards étonnés
Répondre d’un sourire à peine esquissé
Marcher,
Marcher dans les ruelles étranglées
Plombées par la chaleur,
Chavirer dans les odeurs
De fruits trop murs, d’urine et de poussière mélangées
Enveloppée,
Captive du sein de la foule
Sans espoir de repli …
Et la misère alanguie
Sur les pavés souillés,
Équilibre fragile, danse héroïque
Dans un labyrinthe ahurissant
C’est un cache-cache permanent
Avec la vie
Avec la mort
Avec le temps qui s’évapore.
Quand la beauté tout à coup
Éclate au détour d’une rue,
Comme un rappel du temps
Aux mémoires asphyxiées,
Passé imposant
Majesté arrogante dans son entêtement
Elle rappelle à l’étrangère l’histoire
De ses ancêtres conquérants
El Djazaïr
Perle blanche des matins clairs
Offerte au soleil levant
Rampes, escalier, ruelles couvertes
Conquise, envoûtée, l’étrangère
Sait
Qu’elle n’oubliera jamais
Son cœur est prisonnier
Il bat au rythme de la ville
Sur le grand balcon bleu
Elle domine le port
La brume estompe les formes froides des bateaux d’acier
En bas, sur les trottoirs humides
Sont assis quelques hommes désoeuvrés.
Lui
Il la regarde sans rien dire
Il la regarde se blottir
Comme une enfant calme et confiante
Dans la rumeur lourde et grouillante
Des nuits
Et puis
Il a promis
De l’emmener à Illizi
Loin du monde et des regards
Ou dans le silence infini
Sous l’ombre bleue du grand Hoggard